Hélène Romano est une psychologue spécialiste des traumatismes. (Photo : D.R.)

“Comment des terroristes peuvent-ils tuer des innocents ? Et se tuer eux-mêmes ?”

Hélène Romano : Au nom de l’islam, ils veulent tuer tous ceux qui ne pensent pas comme eux. Dans l’histoire, il y a déjà eu des gens comme eux, des kamikazes japonais pendant la Seconde Guerre mondiale, par exemple. Ces gens sont tellement malades et contaminés par leur idéologie qu’ils deviennent des machines, incapables de penser, et sont prêts à se transformer en bombes pour tuer le plus de monde. Ils ne voient pas leurs victimes comme des êtres humains. La bonne nouvelle ? La société a réussi à les stopper. Face à eux, on ne se soumet pas. On reste tous ensemble.
 

“On est en guerre ?”

H. R. : C’est une guerre de l’ombre, qui ne ressemble pas à celles que tu étudies en classe. Au lieu de parler “d’attentats”, je préfère dire “actes de guerre”. Voici pourquoi : la guerre, tu l’as étudiée en classe, tu sais qu’il y a un début et une fin. Donc, un jour, ces actes s’arrêteront.
 

“Pourquoi ça fait du bien de faire des petites gestes ? Au collège, certaines filles se sont habillées en noir (pour la tristesse) et blanc (pour l’espoir) ?”

H. R. : Face à la mort, on a besoin de ne pas se sentir passif. Faire quelque chose (allumer une bougie, faire un dessin) permet de reprendre un peu le contrôle de la situation, donc de mieux la vivre. Ces gestes montrent aussi qu’on est tous unis et qu’on n’oublie pas les morts.
 

“Et si quelqu’un dans ma classe dit des choses horribles ?”

H. R. : Tu peux dire “Je ne suis pas d’accord avec toi”, et lui expliquer pourquoi. Mais c’est difficile de parler avec des gens qui, comme lui, défendent une idéologie. Ils ne sont pas accessibles à la parole. Donc, tu ne les convaincras pas ! Mais tu peux proposer un débat en classe.
 

“Je peux dire que je suis en deuil ?”

H. R. : Le deuil, c’est réservé à celui qui a perdu un proche. On devrait plutôt dire qu’on accompagne le deuil de ceux qui ont perdu un parent, un enfant.
 

“J’étais triste ce week-end, mais plus aujourd’hui. C’est normal ?”

H. R. : Tu as le droit d’être triste… puis gaie quelques instants plus tard. C’est souvent comme cela, chez les plus jeunes. Tu peux aussi ne pas être triste, car tu ne te sens pas très concernée : c’est ton droit. Il n’y a pas d’un côté une bonne émotion (être triste), et de l’autre une mauvaise. Tu es à un âge où tu dois te construire, pas te démoraliser ! Alors, repère ce qui te fait du bien, prends soin de toi et de ceux que tu aimes. Et ne te sens pas coupable d’avoir envie de passer à autre chose.
 
Propos recueillis par Anne Lamy
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