Tu as pu découvrir dans le numéro de décembre le récit gagnant de l’édition 2021 du concours Mots d’elles : le texte d’Aline, consacré à Helen Keller. Il y a 2 autres gagnantes, dont tu vas pouvoir lire les textes sur Juliemag.

Voici le récit de Juliette, 14 ans, autrice du texte sur Angèle : « J’ai chanté au nom de toutes les femmes ».

Juliette

Pratique : la danse classique (mais elle vient d’arrêter).
Aime : le dessin, la cuisine, l’écriture.

« Angèle est une artiste que j’aime beaucoup. Elle milite pour le féminisme et c’est une cause qui m’intéresse. Alors cette année, j’ai saisi ma chance ! J’ai ressorti mes numéros de Julie, regardé les textes, comment ils étaient organisés… et je me suis dit que cette fois, ce serait bien d’aller au bout de mon récit. J’ai lu des interviews qu’elle a donné, je la suis depuis un an sur Instagram et j’ai même contacté une de ses fans pour m’aider dans ma rédaction. »

« J’ai chanté au nom de toutes les femmes »

J’ai du mal à y croire. C’est… incroyable… Moi, Angèle Van Laeken, née le 3 décembre 1995 à Uccle, en Belgique, je suis sur la scène de Bercy, dans cette salle immense qui peut accueillir plus de 20 000 personnes ! Et ce soir, c’est complet. Tous ces gens sont là pour moi, pour m’écouter… Je ne distingue pas leur visage mais je sens leur souffle, leur sourire… Ils sont heureux d’être là. Et moi aussi. Je prends une grande respiration et appuie doucement sur les touches de mon clavier. Les premières notes de « Balance ton quoi » résonnent dans la salle…

Tant de choses ont changé depuis que j’ai chanté pour la première fois devant un vrai public : c’était avec mon père, Marka, chanteur lui aussi, quand j’avais 7 ans. À ce moment-là, je ne savais pas ce que j’allais devenir et j’étais loin de me douter qu’un jour une de mes chansons seraient même reprise dans une manifestation féministe ! J’ai été tellement fière de voir les images de ces femmes fortes, maîtresses de leur destin, chantant en chœur le refrain de ma chanson.

Je l’ai écrite après qu’un jour, dans le train, un homme m’ait fait une remarque déplacée. Ça a été la goutte de trop. J’en ai eu marre : marre des remarques vulgaires, marre des regards déplacés, marre des sifflements dans la rue, marre des insultes, bref, j’en ai eu assez du sexisme. Les mots sont venus presque naturellement, j’avais tellement besoin de les dire « faudrait peut-être casser les codes, une fille qui l’ouvre ce serait normal »…

Je me lève, tête haute, micro en main, je souris au public, aux caméras, aux téléphones brandis en l’air… Et c’est parti ! « Laisse-moi te chanter d’aller te faire en-mmmmm » J’adore cette ambiance. Cette euphorie. Le public entonne en chœur le refrain tandis que, entourée des danseuses que j’adore, je danse, saute, d’un bout à l’autre sur la scène, énergique et agile comme une loutre !

Derrière moi, des écrans avec des chatons et un grand doigt d’honneur rose lumineux. C’est ma touche personnelle : je n’hésite pas à dire les choses de façon sincère, parfois un peu crue, mais je le fais toujours avec un ton innocent et un grand sourire ! Je sais que je peux toucher les gens avec mes textes, les mots sont forts, ils percent à jour, traversent l’esprit, touchent en plein cœur, font réfléchir !

Chacune, chacun, à son échelle, peut faire bouger les choses. Passer un message. C’est bien ce que je suis décidée à faire ce soir, car même si la situation s’est améliorée, aujourd’hui, il y reste encore beaucoup de travail. En 2018, la parole des femmes s’est vraiment libérée, en partie grâce au hashtag #BalanceTonPorc, auquel je fais référence avec « Balance ton quoi », bien sûr ! De nombreuses femmes ont enfin eu le courage de porter plainte pour les violences qu’elles subissaient. De nombreux agresseurs ont pu être jugés. Les femmes sont fières. Nous sommes fières. Nous sommes fortes, nous marchons la tête haute. Nous n’avons pas peur ! Parfois, souvent même, de jeunes filles viennent me voir à la fin des concerts pour me dire que, motivées par ma chanson, elles ont organisé une pétition dans leur collège ; une campagne dans leur lycée… Dans ces moments-là, je souris. Je suis heureuse, car c’est le plus joli pied de nez que je puisse faire aux sexistes.

Le poing en l’air, je crie : « Ok Bercy est-ce que vous êtes chauds ? » Et la foule me répond d’un « ouiiii » qui veut tout dire. Ils sont prêts à entendre ce que j’ai à dire.

Épilogue

Féministe engagée, Angèle soutient également de nombreuses autres causes, comme l’écologie ou la lutte contre l’homophobie. Elle est aussi marraine de l’association KickCancer qui aide les enfants atteints du cancer. Son humour et son franc-parler sont contagieux. Égérie Chanel, avec plus de 3 millions d’abonnés sur Instagram, elle fait partie des femmes les plus influentes du moment.

Bravo Juliette ! 

Et toi, vas-tu tenter ta chance l’année prochaine ?